Pas de cosmétiques sans conservateurs. Ces derniers sont en effet indispensables à toute préparation pour éviter la prolifération des germes, bactéries et autres champignons qui se développent très bien dans les produits de soin.
Mais, si l'on ne peut s'en passer, doit-on en privilégier certains conservateurs plus que d'autres ? Certains sont-ils dangereux pour la santé ? Toutes les réponses maintenant.
Bon à savoir : les allégations publicitaires des produits cosmétiques doivent respecter le règlement (UE) n° 655/2013 repris dans les recommandations de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité applicables au 1er juillet 2019. Notamment, la revendication « sans conservateurs » n’est pas autorisée quand le produit contient un ingrédient montrant un effet de protection contre les micro-organismes (ce qui concerne principalement les substances non listées dans l’Annexe V « Conservateurs » du règlement cosmétiques (CE) n° 1223/2009 du 30 novembre 2009, comme l'alcool).
À quoi servent les conservateur dans les produits cosmétiques ?
Les conservateurs sont des substances d'origine naturelle ou synthétique qui permettent à un produit de soin de se conserver dans le temps sans s'oxyder ou être altéré par des germes.
Ils sont essentiels à toute formulation de produits cosmétiques pour plusieurs raisons :
- ils évitent que le produit se mette à dégager une odeur désagréable, qu'il prenne une couleur ou un aspect troubles ;
- ils évitent également que les substances actives du produits perdent leur efficacité ;
- et enfin, et c'est le point le plus important, ils évitent que l’altération du produit n'entraîne des allergies et des réactions cutanées diverses.
Il existe 2 types de conservateurs : les antimicrobiens et les antioxydants.
Conservateurs antimicrobiens dans les cosmétiques
Les conservateurs antimicrobiens empêchent la prolifération des germes dans la phase aqueuse du produit. Mais ils sont également choisis parce qu'ils n'endommagent pas la flore cutanée.
Conservateurs antimicrobiens synthétiques
Voici les conservateurs antimicrobiens synthétiques les plus répandus dans les cosmétiques :
- les parabens ;
- le phénoxyéthanol ;
- le triclosan ;
- le cetrimonium bromide ;
- le méthylisothiazolinone.
Conservateurs antimicrobiens naturels
Voici les conservateurs antimicrobiens naturels qui sont utilisés comme conservateurs dans les cosmétiques bio :
- l'acide benzoïque ;
- l'acide sorbique ;
- l'acide salicylique ;
- l'alcool issu de la fermentation du blé.
Conservateurs antioxydants dans les cosmétiques
Les conservateurs antioxydants ont pour rôle d'éviter l'oxydation des phases huileuses présentes dans le produit, ainsi que la formation de radicaux libres.
Conservateurs antioxydants synthétiques
Voici les principaux conservateurs antioxydants synthétiques utilisés dans les cosmétiques :
- les buthyl hydroxytoluène (BHT) ;
- les buthyl hydroxyanisole (BHA).
Conservateurs antioxydants naturels
Voici les conservateurs antioxydants naturels utilisés dans les cosmétiques bio :
- la vitamine E ;
- la vitamine C ;
- les polyphénols (présents dans le bois, les fruits à noyau, la carotte, etc...) ;
- les flavonoïdes (présents dans de nombreux végétaux).
Quels sont les risques des conservateurs dans les cosmétiques ?
Conservateurs synthétiques
Plusieurs études ont été menées sur les animaux ou sur les hommes mettant en évidence plusieurs caractéristiques plus ou moins inquiétantes des conservateurs de synthèse :
- Les conservateurs synthétiques les plus connus sont les parabens. Ils ont beaucoup fait parler d'eux ces derniers temps après que des études aient établi leur potentiel cancérigène ainsi que leur rôle de perturbateurs endocriniens ;
- Le cetrimonium bromide peut entraîner des allergies et des irritations cutanées.
- Le triclosan est également un perturbateur endocrinien influant sur la thyroïde, favorisant les allergies et « soupçonné d’agir sur le système endocrinien, de déclencher le cancer du sein, d’endommager les spermatozoïdes, de provoquer des résistances aux antibiotiques et d’affecter le foie » (sources : Sicherer (S. H.) et al., « Advances in allergic skin disease, anaphylaxis, and hypersensitivity reactions to foods, drugs, and insects in 2012 », Journal of Allergy and Clinical Immunology, janvier 2013 et « Le triclosan : plus près qu’on ne pense », ECOSCOPE, 2014).
- Le méthylisothiazolinone est connu pour irriter fortement la peau ; de nombreux cas d'eczéma ont été rapportés après l'utilisation de produits qui contiennent ce conservateur. Pour lutter contre ces allergies de contact, le règlement UE 2017/1224 du 6 juillet 2017 de la Commission européenne interdit la vente de produits cosmétiques contenant de la MIT (méthylisothiazolinone) à des concentrations supérieures à 0,0015 % à compter du 24 mai 2018.
- Le phénoxyéthanol est un irritant cutané. Il serait également une substance cancérigène qui aurait également des effets nocifs sur le système hormonal masculin (le siège des bébés étant particulièrement sensible, l'étiquetage des lingettes contenant du phénoxyéthanol doit désormais indiquer qu'elles ne doivent pas être utilisées sur les fesses des enfants de 3 ans ou moins).
- Le BHA serait toxique pour la peau, le foie et les reins. Il serait également un perturbateur hormonal et un allergène puissant.
- Le BHT favoriserait le cancer du poumon, altèrerait le taux de cholestérol, et entraînerait une baisse des défenses immunitaires.
À noter : une définition des perturbateurs endocriniens dans le cadre des produits phytopharmaceutiques (pesticides, fertilisants) a été adoptée le 4 juillet 2017 par les États membres de l'Union européenne. Les critères retenus sont : l'apparition d'effets indésirables, la perturbation du système endocrinien, et un lien de corrélation entre les deux. Alors que beaucoup considèrent cette définition trop laxiste, car n'englobant que les perturbateurs endocriniens avérés et présumés et non les perturbateurs endocriniens seulement suspectés (les moyens de preuve étant trop difficiles), elle permettra cependant de retirer du marché certaines substances actives néfastes pour les hommes et les animaux. Ces critères serviront de base à la régulation des cosmétiques, biocides, emballages et autres produits industriels.
À compter de janvier 2022, les industriels seront contraints de rendre disponibles les informations permettant d'identifier les perturbateurs endocriniens dans un produit mis sur le marché. Cette obligation concerne entre autres les cosmétiques et de nombreuses substances chimiques suspectées d’avoir des propriétés de perturbation endocrinienne, telles que les bisphénols, les phtalates, les parabènes, les composés bromés ou perfluorés, ont déjà été identifiées par l'Anses. La poursuite des travaux doit permettre d’évaluer des dizaines d'autres substances dans les années qui viennent.
Conservateurs naturels
- l'alcool, bien que naturel, peut s'avérer asséchant pour la peau ;
- les différents acides utilisés, ainsi que les huiles essentielles ou autres conservateurs naturels peuvent s'avérer irritants pour la peau.
Alors, que faire ?
Il n'existe pas de risque zéro. Mais mieux vaut éviter les substances les plus nocives et bon nombres de conservateurs synthétiques le sont. En outre, ils peuvent être très toxiques pour l'environnement (le triclosan, par exemple, est tout particulièrement néfaste pour les milieux aquatiques).
Il convient donc d'opter pour les produits les plus naturels, même si ces derniers peuvent aussi entraîner des allergies ou des réactions cutanées.
À noter : il vous faudra peut-être tester plusieurs cosmétiques pour trouver ce qui convient le mieux à votre peau.
Pour en savoir plus :
- Beaucoup de produits alimentaires ou cosmétiques sont étiquetés "sans paraben", ce qui laisse supposer une substance nocive pour la santé. Quels sont les risques réels des parabens ? On fait le point.
- L'alcool, ingrédient contenu dans de nombreux cosmétiques, n'a pas bonne presse : il serait irritant et asséchant pour la peau. Pour y voir plus clair, lisez notre zoom sur l'alcool dans les cosmétiques.
- Tout comme les produits alimentaires, les produits de beauté ont une date de péremption, autrement dit une durée limitée de consommation. Faut-il tenir compte de la date de péremption des produits de beauté ? Réponse sur notre site.